Les Français, le logement et le Covid: "Un habitat plus frugal et participatif"

 Les Français, le logement et le Covid: "Un habitat plus frugal et participatif"

 

Par Eric Treguier le 09.12.2020 à 08h00, mis à jour le 09.12.2020 à 08h51 Abonnés Challenge

 

 

 


 

 

 

SERIE LOGEMENT POST-COVID (3/3) - L’architecte Denis Valode, cofondateur du cabinet Valode et Pistre, lauréat de nombreux prix, partage sa vision de l'habitat Post Covid, à partir de l'exemple d'ABC, un immeuble révolutionnaire qu'il vient de livrer à Grenoble. Un immeuble plus écologique, mieux conçu et plus ouvert sur le monde que ce qui se faisait avant, et qui répond aux nouvelles aspirations des Français.

L'habitat Post-Covid? Frugal et participatif (ABC à Grenoble)

 

Un immeuble plus "frugal" (le programme ABC à Grenoble), autonome en énergie, en eau et qui recycle ses déchets, avec des appartements modulables, pourvus de balcons et un fonctionnement plus participatif : c'est ainsi que l'architecte Denis Valode (Cab Valode & Pistre) illustre sa conception de l'habitat Post-Covid

Philippe Chancel pour Valode & Pistre

 

L'architecte Denis Valode (parcs des expostions de Shenzhen, Wuhan et Hangzou, tour Saint-Gobain, transformation de la gare du Nord, campus Sanofi...) voit dans le Covid un révélateur des nouvelles attentes des Français en matière de logement pour davantage de modularité, d'ouverture et moins de gâchis et de consommation d'énergie. Son programme ABC, à Grenoble, illustre ce qu'il est possible de faire dans ce sens, mais il souligne le besoin, pour y arriver, de la participations des élus, des promoteurs et... des habitants!

 

Challenges - Qu’est-ce que votre concept ABC?

 

Denis Valode - Ce n’est pas qu’un concept, c’est une réalisation, que nous avons déjà livrée et qui a accueilli ses premiers habitants il y a déjà quelques mois. C’est un ensemble de bâtiments, qui se trouvent à Grenoble et qui reposent sur sept années de recherches. Nous avons volontairement pris le contrepied de ce qui se fait habituellement. Et notamment du « tout réseau » (eau, électricité) qui veut qu’on relie tous les bâtiments entre eux, dans une sorte de grille, en oubliant qu’en interconnectant tout, on consomme beaucoup plus d’énergie, car il y a environ 30% de déperdition dans le transport. On a donc choisi une approche que je qualifierais de frugale, et même de « biomorphique » comme un arbre qui transforme l’eau avec ses racines et le soleil avec ses feuilles.

 

Concrètement, ça se traduit comment?

 

Le bâtiment s’appelle ABC. Ce n’est pas pour rien. Le A est pour Autonome. Il est autosuffisant en énergies (électricité, chaleur…), en eau et la gestion de ses déchets a été optimisée. Le toit généralement un espace qui sert à rejeter le soleil et l’eau. Nous avons fait le contraire. Toute la surface est recouverte de panneaux photovoltaïques, qui captent l’énergie solaire, ensuite stockée dans des batteries. Quant à l’eau de pluie, elle est aussi récupérée puis traitée sur place, pour être réinjectée dans le circuit domestique et le jardin. Quant aux déchets, ils sont triés dans des conteneurs et les déchets verts, devenus compost, servent à fertiliser le jardin.

 

Cela implique une participation active des habitants, non?

 

Oui, c’est cela aussi habiter autrement. Car derrière le Building process (le B de ABC), il y a aussi des habitants, qui sont associés à toutes les étapes. Cela va de petits aménagements, comme la lumière naturelle dans les cages d’escaliers, pour inciter à les utiliser plutôt que l’ascenseur ; des compteurs d’eau dans les douches, pour mieux suivre sa consommation. On a aussi aménagé des jardins potagers pour que les familles puissent faire pousser leurs légumes au pied de leur immeuble. Pour intégrer cet ensemble, les candidats, tous locataires, ont du montrer leur volonté de participer à cette expérience. Il y a eu tellement de demandes qu’une petite partie seulement a pu être satisfaite. Et si je parle d’une expérience, c’est que c’en est vraiment une : nous allons suivre l’évolution des utilisations pendant trois ans et en tirer des conclusions qui nous permettrons, nous les architectes, mais aussi le constructeurs, Bouygues, et l’opérateur sociale qui en est propriétaire, d’en faire un modèle.

 

Il y a une façon post-Covid de voir le logement?

 

Oui, bien sur. Le Covid est un révélateur des problèmes que pose l’habitat actuel, qui n’a pas évolué aussi vite que les pratiques. Les gens s’aperçoivent qu’ils ne peuvent pas télétravailler,, vivre en confinement et respirer en même temps. Du coup, ils recherchent, et c’est naturel, des espaces extérieurs et réclament plus de balcons, plus de terrasses et un accès à des jardins. Notre bureau d’architecte réaménage le parc des expositions de la Porte de Versailles. Sur le Pavillon 7, nous avons entièrement transformé le toit en jardins, et les gens se sont précipités pour prendre des bacs pour y faire pousser leurs plantes. L’après-Covid, c’est aussi une demande accrue d’adaptabilité. A Castelnau-le-Lez (34) près de Montpellier, nous avons réalisé un ensemble de résidences qui tranchent sur la construction traditionnelle. Nous y avons bien sur intégré de grands balcons (chacun a même son propre arbre en pleine terre), mais nous avons aussi imaginé des aménagements et des services spécifiques comme une conciergerie, un régisseur, un local à vélos mutualisé, de l’auto partage de vélos et de voitures, un monitoring précis de la consommation d’eau et d’énergie et une gestion intelligente des déchets... Ce n’est que le début : ces nouvelles habitudes et ces changements dans le mode de vie vont aussi pousser les promoteurs à construire autrement, et les politiques à les pousser, par le biais des permis, à accélérer cette transition.

 

Source :   Magazine Challenge

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